DS19 1956 Vert printemps intérieur vert jade

Voici la DS numéro de série 5613, caisse DA 5444, une authentique millésime 56 donc, commercialisée en septembre 56.

Son histoire est lumineuse. Un ancien du bureau d'études Citroën la rachète dans les années 90 au père d'un de ses anciens collègues, qui lui en a parlé comme ça, par hasard. Il la remet en route avec deux copains au cours des années 2000, et voilà! Désormais elle roule en région parisienne et en Charente.

 

 

Au milieu des années 70, elle a tapé à l'avant du côté de Royan. Le capot a été changé, et la moitié passager du pare-chocs n'est plus la bonne. Un voile extérieur de peinture a suivi (l'intérieur a gardé sa teinte vert printemps d'usine, qui est identique à l'extérieur).

Hélas suite à son accident elle a donc un capot à deux trous. Les spécialistes la déclarent donc non conforme, et s’en détournent avec dédain (comme ici ZZ2, un spécialiste de haut niveau, malheureusement repeint en ambre doré AC308 qui n’apparaîtra qu’en 61)

..pourtant ce capot reste un point de détail, car tout le reste est magnifiquement dans son jus.
Pour éclaircir le fait que la lame de pare chocs n'est pas la bonne, voici une diapositive issue du cycle de la formation que dispense de temps à autres micHel sur les premiers modèles DS. A gauche la bonne lame pour les premières DS (en acier chormé). A droite, une lame plus récente (rechromée sur inox pour donner le change, mais c'est sa forme qui la trahit)  
 
modèle "récent"

modèle "ancien".

Pour la différence de forme, c'est quand même pas évident évident. Mieux vaut se fier aux points de rouille, qui démontrent que le bon modèle est en acier et pas en inox.

Ou encore plus simple: comme on tape toujours côté passager (c'est à dire côté trottoir), c'est cette lame là qui est introuvable en acier chromé, et a très souvent été changée pour un modèle plus récent.

Un autre point que cette DS illustre bien, c'est la coque grise. Comme examiné dans un "mystère de la DS", certaines DS, sur 56 et début 57, avaient la coque grise, et non noire, comme cera la règle ensuite généralisée sur berline.

La photo illustre au passage la mise à l’air libre du réservoir premier modèle. Elle n'est pas absente comme le disent les bouquins, c'est un tout petit trou à peine visible (illustré ci contre sur un autre modèle).


Coque grise? Oui..mais pas partout! Eh oui, juste derrière le pare-chocs, c'est bien noir, et c'est d'origine!
J'ai pu le confirmer avec cette autre DS à coque grise actuellement en restauration: à l'arrière, par dessus le gris de la coque, on repassait en noir.

Sans doute ce noir était-il mis pour qu'on ne voie pas le gris affleurer sous la malle, qui ne rejoint pas le pare-chocs (acier chromé rouillé) très précisément? Mais alors, pourquoi mettre du gris si c'est pour le cacher? Enfin tout ça reste assez mystérieux.

A noter au passage que la queue de carpe est manquante sur cette photo, et que le feu ARG n'est pas le bon (il faut la séparation chromée comme à droite)

Bien sûr, au niveau du haut du tablier moteur, il y a aussi une partie noire.

Et enfin ici aussi il y a une partie noire (pourquoi??). Emanuele, qui restaure une 56 en coque grise à l'état neuf, l'a reproduite scrupuleusement.

Bon, on revient à notre DS vert printemps.
Premier modèle de compas, de fixation de vitre.
Intérieur des portes champagne, avec découpe. Tranche des portes lisse, premier modèle. Garniture de longeron premier modèle. Arrière des sièges strié, molettes chromées. Je ne connaissais pas ce petit détail des premières: l'entourage métallique en haut de la lunette arrière est lui aussi en acier chromé (rouillé).
De l'intérieur, dans la même zone: suprenant, le joint de la lunette, sous le bandeau, est de teinte beige, et non noire. Est-ce une spécificité pour les coques grises? Ou pour le vert printemps et ses intérieurs de portes champagne?

Que de mystères dans ces premiers modèles...

Modèle d'aile avant avant avec découpe pour la direction, écran d'échappement, balai brosse assorti... Garniture de coffre premier modèle, lunette en verre.

pour amateur averti (il y aura Captain Molaire, au minimum,): joints de portes d'origine

d'origine de même: bouchon caoutchouc ovale à bande surélevée en haut de la porte
Le tissu "vert jade" 56 dans sa couleur non passée.

Daniel, l'un des trois passionnés qui ont redémarré cette remarquable voiture. Un grand merci à lui, c'est lui qui a permis la rencontre avec le propriétaire, et ce shooting.


Sous le bidon on devine le marquage bleu (qui n'est pas d'origine) de la sphère supplémentaire en enfilade derrière la première (montage jusque Juillet 60). Ce sont les sphères accus frein avant/ frein arrière.

Ici le bidon LHS.
Ici des butées en caoutchouc avant et arrière.

Le réglage des portes des premières DS était assez erratique, conduisant à taper sur l’alu gaufré.

Ces bitos ont disparu au cours des évolutions en deux temps (l’avant a disparu d’abord)

ici le bitos arrière

Cette photo de détail pour illustrer le concept de "joint à striures" que m'a révélé micHel. Regardez bien le joint qui est vertical. Il comporte de fines striures en son milieu.

L'ensemble des joints des premières DS est ainsi, c'est presque impossible de les restaurer sur ce point précis.

Ici un gros plan des stries.

Habitacle: RAS. Volant à fines spires, etc.

Juste le rétro n'est pas le bon, il sera changé.
Les panneaux de portes avant sont encore sous un film plastique.

Et pour finir, un grand merci à l'inénarrable micHel, qui non content de m'avoir appris une foule de détails sur ces tout premiers modèles, a rendu possible ce qui va suivre...

La Video est un art difficile, et puis ça prend beaucoup de place sur le site internet. Je ne la réserve donc qu'aux cas exceptionnels. Et ici nous sommes dans ce cas de figure.

En effet, le propriétaire de cette voiture est rentré au bureau d'études Citroën en Septembre 58. il a donc connu personnellement tous ces gens dont on lit les noms, dont on traque les moindres faits et gestes pour imaginer la genèse de la DS.

Et, invité un beau jour chez micHel à un grand meeting d'amateurs de DS premier modèle (citons la présence du Prof. Petriman en personne), il a bien voulu nous raconter une anecdote de cette époque sur Lefevre, racontée sur fond de DS vert printemps. Moteur.

Pour finir, voici une deuxième video de l'assistance et des sujets de conversation: vous attraperez au vol une explication assez inintelligible sur le passionnant sujet de la matière des malles arrière des premiers modèles.

Mme Danche, qui l'a visionnée consternée, n'a pas regretté d'être restée à la maison ce jour là avec les enfants.

Pour la postérité, il y avait ce jour-là sur place 4 (quasi) épaves de DS des millésimes 56 et 57 et, en état de rouler: un break luxe 60, un Chaproot à Pierre (ex Fernand Raynaud), la 56 vert printemps, une 61 gris typhon, et une intruse que vous repérerez facilement.

 

Et pour finir, une photo d'époque.


1985, la DS avait 30 ans, on avait rassemble plusieurs de ses héros.

On reconnait ici de gauche à droite:

Cadiou (acteur dans l'anecdote d'époque sur Bertoni contée dans la vidéo), Paul Magès (père de l'hydraulique), Jean Paul Cardinal (propriétaire de cette DS vert printemps), Martin (chef des usines de Saint Charles) et Guyand (chef du secteur montage des DS)

 

Additif: Jean-Paul Cardinal nous a hélas quittés début 2019, mais sa voiture est restée en de bonnes mains.